La voie vers l'omniscience, dépasser ses préjugés pour voir les deux côtés d'une même pièce.
Le roi Théotime se tenait sur son trône. Depuis sa tour, il pouvait observer les confins de son royaume. Un royaume durement acquis où il avait fallu dépasser les divergences bien campées des anciens maitres de clans. Il avait su les rallier à sa cause, les unir pour dépasser les jugements, les opinions, les peurs et les veilles rancoeurs qui divisaient ces peuples depuis des milliers d’années.
Il ne put réprimer un sourire de connivence. Ce qu’il avait effectué pour le royaume, il avait dû d’abord le réussir en lui-même. Dépasser ses idées préconçues, sa façon dont il percevait le monde, son environnement. Il avait dû comprendre comment son esprit, son mental fonctionnait pour commencer à dialoguer avec lui et ne pas se laisser prendre aux pièges des méandres de ses peurs et de ses blessures, de ses opinions bien tranchées qui lui criaient in fine de tourner la médaille pour en observer le revers. Le verre n’est jamais à moitié vide ou à moitié plein. Voir au-delà de ses propres clivages et dépasser sa haine pour les gens qui avaient tué sa famille n’avaient pas été chose aisée. Mais il avait vite fait de comprendre que les opinions n’étaient que le miroir de ce qu’il ne voulait pas voir en lui-même. Il s’était entrainé alors qu'il avait exercé le métier de juge des affaires citoyennes. Là, il avait appris qu’il y avait toujours deux versions voire plus à une même histoire et qu’il ne pouvait prendre de décisions sans avoir écouté les diverses parties. Il fallait alors transcender les récits pour percevoir la vérité qui se cachait derrière ainsi que les réels tenants et aboutissants, analyser les intérêts, les discordes déjà présentes. Ce travail d’investigation était long et ardu, mais il lui avait appris à aiguiser son intuition, son sens des affaires.
Un jour, il avait commencé à observer sa vie de la sorte également. Surtout lorsqu’il était confronté à un dilemme. On l’avait quémandé à travers le monde pour obtenir son avis sur bien des sujets. Sa sagesse était respectée. Il adorait ces moments où la vérité se faisait aussi claire que de l’eau de roche après de longues nuits à chercher à tâtons dans le noir une solution à tel ou tel problème. Il adorait ces moments où la logique permettait à son intuition de fonctionner à plein régime. Des sauts quantiques s’en suivaient. Ces moments de pure épiphanie.
Une porte s’ouvrait ainsi sur le cosmos et la vérité universelle jaillissait pure et pleine de puissance. Elle éclatait aussi vive que l'épée de la justice divine et obligeait l’être à s’éveiller, à sortir de la transe dans laquelle il se trouvait. Voir à travers les yeux de la sagesse, c’était voir avec le coeur.
Les Gene Keys autrement, par Clara J.