Gene Key 21
Contrôle - Autorité (leadership) - Valeur (courage combiné à l’amour)
Noblesse oblige
Il avait appris les choses à la dure. Au début de sa carrière, il avait mené ses hommes avec une main de fer mais sans gant de velours. Le contrôle et toujours le contrôle. Il les avait divisés pour mieux régner. Il avait révisé chaque action, chaque geste accompli. Rien ne devait être laissé au hasard, s'était-il dit. Ce besoin de toujours avoir la main mise l’avait tué à petit feu. Les échecs s’en étaient suivis. Il avait blâmé ses hommes en les traitant d’incapables. Il avait blâmé ses supérieurs. Ensuite, il s’en était pris à la terre, au vent et à l’eau. Les hommes s’étaient rebellés.
Alors, il s’était retiré loin dans la montagne. Son premier acte de leadership fut de partir. Du haut du promontoire sur lequel il avait élu domicile, il prit le temps de réfléchir. Cette prise de recul, ce changement de perspective lui ouvrit les yeux sur son comportement. Une seule personne était à blâmer et c’était lui. Il analysa chaque erreur, chaque faux mouvement, chaque manquement et chaque excès de contrôle et de discipline ainsi que son contraire ; les moments et les décisions dans lesquelles il avait montré trop de laxisme. Il était arrivé sur ce promontoire le dos courbé.
Cassé, abattu et déprimé.
Au fur et à mesure que les jours passaient, et plus il apprenait de ses erreurs passées, plus sa colonne vertébrale se redressait. Son corps se transformait à l’image de la force qui l’animait peu à peu. Un nouveau souffle de vie le traversait. Un autre homme naissait. Là, seul face à la montagne et au vivant, il retrouva le chemin de l’authenticité et s’entraina à la droiture d’âme, de corps, de coeur et d’esprit que certains appelaient noblesse. Son coté masculin distordu disparaissait peu à peu pour être remplacé par une ouverture à la logique et à l’intuition comme il ne l’avait jamais expérimentée.
Vivre avec pour seule contrainte de respecter le cycle du vivant et de la déesse lui fit abandonner les rennes du contrôle sur lesquelles ses doigts ne parvenaient pas à se détendre. Le guerrier en lui revint au quart de tour. Mais qu’avait-il à défendre si ce n’était ce promontoire et sa propre vie. Il lui fallait quelque chose d’autre. Quelque chose pour laquelle il serait fier d’avoir donné sa vie si tant est qu’il fallut en arriver là. Il lui fallait mettre son énergie dans une mission plus élevée que celle des guerres perpétrées par et pour l’avarice des hommes.
Ainsi qu’il méditait au lever du soleil, la solution lui apparut aussi claire que de l’eau de roche. Cette forêt qui chaque jour dialoguait avec lui, le soignait, le lavait, le faisait renaitre, ce serait elle qu’il protégerait, pour elle qu'il donnerait son sang, son énergie, sa vie. Son éducation, son rang, sa noblesse le poussaient à se mettre au service d’une cause qui dépassait l’entendement. Son épée servirait désormais à protéger ceux qui ne pouvaient le faire face à l’avidité des hommes. Il affronterait les obstacles futurs avec dignité, courage et valeur. La faune et la flore seraient en paix tant qu’il respirait. En abandonnant son identité, son rang, ses aspirations, il répondit à l’appel de sa destinée et trouva en chemin sa valeur intrinsèque. Debout face à l’immensité du vide devant lui, il inspira profondément et sourit. Plus jamais, il n’aurait à courber l’échine. Il exhala, heureux et si léger qu’il aurait eu envie de s’envoler.
Enfin libéré de l’emprise qu’il maintenait sur lui-même.
Les Gene Keys autrement, par Clara J.