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Gene Key 42

Attente - Détachement - Célébration

Gene key 42 - Attente - Détachement - Célébration 

Attente 

Elle a tout quitté et laissé en plan. Elle n’en pouvait plus de ces contraintes, des rigidités de la caste dans laquelle elle vivait.  A toujours vouloir autre chose, à toujours pointer du doigt ce qui ne fonctionnait pas ou son contraire ce qui fonctionnait, à voir les schémas négatifs et répétitifs dans lesquels les gens se complaisaient, elle terminait ses soirées seule dans sa chambre à regarder les étoiles par la fenêtre. Elle passait des nuits éveillées à se baigner de la lumière de la pleine lune et puis, un jour, elle en eut assez de voir la déception et la désapprobation sur le visage de sa famille, de ses amis. Elle décida de partir, de quitter ces scènes où les mêmes drames et pièces se rejouaient chaque année. Son souffle vital la poussait vers les aventures, sur le chemin qui lui était propre. Elle était fatiguée d’espérer que quelqu’un vienne la sauver, ou l’emporte loin de ces commérages et de ces vicissitudes. Assez de regarder par la fenêtre en espérant que des aventures plus joyeuses et surprenantes viennent saupoudrer son quotidien. Et puis, l’espoir n’engendrait qu’attentes lancinantes et déceptions. Isidore prit la décision que ce schéma devait cesser. Espérer était pour les gens qui étaient possédés par la peur et qui ne pouvaient s’en détacher. Ils avaient si peur de la mort qu’ils finissaient par l’attendre derrière leur muraille : faux-semblant de sécurité.  Ce n’était pas vivre mais mourir à petit feu en passant à côté du jeu réel que leur vie aurait pu leur offrir. Ils s’enlisaient dans leur vie dramatique. Isidore se débattait contre ce figement, cette stagnation, ces chaines qui l’enserraient et l’empêchaient de bouger, contre ces voix qui jouaient avec ses peurs les plus viscérales. 

Détachement 

Alors un soir de pleine lune, celle en bélier, elle prit sa vie en main et choisit de se confronter à la vie et à la mort. Isidore s’abandonna à la vie, à l’univers et à la déesse qui lui en avait fait le don. Elle ouvrit son coeur au champ infini des possibles et décida d’emprunter le chemin des troubadours. En silence pour ne pas réveiller les palefreniers du palais, elle alla chercher sa jument. Elle la sella, la brida, lui passa une couverture sombre sur le dos pour cacher sa robe argentée et s’en alla au devant de son aventure. Sa cape verte flottait au vent. Elle rabattit sa capuche pour cacher son visage et son sourire. La peur et l’excitation se mélangeaient pour former un doux nectar qui lui fit oublier de se retourner sur ce qui avait été sa demeure et fit s’envoler par la même occasion ses regrets et ses remords. Ses pensées se dissipèrent au fur et à mesure des clapotements des sabots sur le sol. Elle se laissait couler sur la trame que l’univers avait tissée pour elle.  

Célébration

Ses journées se ressemblaient et étaient rythmées de la même façon, les mêmes tâches répétitives, seul son environnement changeait. Chaque moment de pause et de contemplation était une célébration en soi. Elle savourait sa liberté retrouvée et tentait de repousser les anciens schémas de pensées qui menaçaient à chaque fois de lui faire rebrousser chemin. Isidore pratiquait des rituels pour s’ancrer dans sa foi. 

Un soir, alors que la journée avait été particulièrement éprouvante et qu’il lui restait une forêt à traverser avant de pouvoir monter son campement. Une musique légère et rythmique parvint à ses oreilles. Isidore se hissa sur ses étriers pour tenter de voir d’où provenait la mélodie. La jument avait compris et s’orienta vers les notes de harpes et de flutes. Les bosquets laissèrent place à une large clairière où des troubadours fêtaient Beltane. Des dames en robe de lin blanc dansait autour d’un feu allumé depuis longtemps. La musique changea de rythme. Un rythme doux et lent comme si les troubadours accueillaient une des leurs, perdues depuis des générations et enfin, rentrée à la maison. Une femme, habillée d’une tunique rouge criard, le teint halé par des heures passées sous le soleil, un sourire rassurant et empathique sur le visage, vint à sa rencontre. D'un geste, elle lui montra où laisser sa jument et l’invita à les rejoindre. Isidore dessella sa belle, la bichonna rapidement et vint s’asseoir au coeur du cercle. Sa respiration s’amplifia et une joie qu’elle avait rarement connu emplit son être en entier. Elle entra dans la danse et célébra son saut de l’ange, cet acte de foi envers l’univers, cet acte de foi face à la vie et la mort. Elle redevint enfant, puis adulte, et puis vieille femme. Son corps se dissolvait au fur et mesure des roulements  de tambour et de ces danses ancestrales. Le monde tournoya et disparut. Les débuts et fins n’étaient qu’illusions. Seul l’infini existait. Elle baignait dans une joie et une lumière divine. Elle s’abandonnait au tout et au rien dans l’extase la plus parfaite. Plus rien n’existait ni aujourd’hui, ni hier, ni demain. Elle se fondit dans la trame de l’univers pour vibrer de concert avec lui. Elle était un et une à la fois. 

L’union parfaite de l’infini. 

Enfin, elle comprenait ce que respirer signifiait. 

Les gene keys autrement, par Clara J. 

Gene Key 22
Déshonneur - Gracieuseté - Grâce