Récit
Assise sous grand-mère charme, je tente de discerner les étoiles. Au-dessus de moi, je sens la présence d’une fée qui se balance la tête en bas, les jambes accrochées à une des branches du charme, gardien du jardin.
Les yeux perdus dans les étoiles, mon esprit livre bataille pour retrouver le calme et la paix. Soudain, elle se rapproche et murmure en dispersant de la poussière d’étoile :
- Souviens-toi!
Et ainsi, je me souviens.
Je me souviens de mon enfant intérieur et de ce qu’il entreprenait. Je me souviens de ces êtres, des dryades du jardin dont je prenais soin sans le savoir simplement en honorant leur présence par l’innocence de mon regard.
Je me souviens de ces arbres, ces amis tombés face au vent ou par les tronçonneuses.
Je me souviens de ces bois, des allées à travers lesquels je courrais à en perdre haleine le roulement des tambours d’histoires et de vies antérieures dans les oreilles.
Puis un jour, le destin m'a emmenée ailleurs et le jardin s’est éteint.
Ensemble, on est passé par la nuit noire de l’âme mais je reviendrai. Je reviendrai et je veillerai à nouveau sur ce petit bout de terre qui a pris soin si souvent de la sorcière et de la sauvageonne que j'étais.
Des années après, je pleure encore leur disparition même si je sais au fond de moi qu’ils sont toujours présents, là quelque part. Tendrement, leur essence vient caresser ma joue, sécher mes larmes et accrocher un sourire sur mon visage portant le deuil.
Avec une pincée de nostalgie et l'envie de converser encore un peu avec eux, je vous laisse ici au contact de la douceur de cette fée tout aussi féroce qu'attendrissante.
Amicalement vôtre,
Clara J.