Les personnes avec un trouble du spectre autistique connaissent plus que la fatigue. Elles connaissent un épuisement parfois constant dû à une multitude de raison et souvent, de vivre en excès et d'oublier les besoins vitaux de leur corps. Absorbées par leur tâche, le monde disparait et seule la tâche en question importe. Le burn-out s'installe lentement, insidieusement. On ne s'en rend pas compte. On se pose des questions : pourquoi n'avance-t-on plus, pourquoi sommes-nous en colère, pourquoi sommes-nous fatiguées ? Alors, on pousse, on force. On essaie de se créer un chemin à travers la fatigue. On a une mission à accomplir. Il faut arriver au bout!
Le corps crie.
On l'ignore.
Il hurle.
On appuie encore plus fort sur l'accélérateur sans savoir quoi faire d'autre.
S'arrêter, c'est tomber.
La chute est inévitable. Le corps brûle de l'intérieur. Les cellules se rebellent.
Le mur est proche et on le percute.
Le pire, c'est que l'on est presque soulagé de l'avoir percuté.
Being burnt inside to leave you cracked open and let your essence finally speak its truth.
La maison brûle de l'intérieur. On l'observe brûler. On n'est plus capable de rien si ce n'est contempler l'incendie opérer ces ravages salvateurs. Tel le phénix, on renait ainsi de nos cendres pour se redécouvrir une nouvelle peau, une nouvelle enveloppe. On est si nu face au monde que l'on a besoin de se replier, de prendre son temps et de se cacher un peu. La lumière du soleil éblouit, elle brûle et on a désormais peur du feu. On se rappelle encore ses lames qui de l'intérieur nous incinéraient.
Burn the house, hit the bottom, to clim up again and again and face your inner truth, your inner essence
Une myriade d'émotions surgissent de se sentir si affaibli, paralysé. On ne sait pas très bien comment on en est arrivé là et au final, bien sûr que l'on sait. On l'a même inconsciemment voulu. C'est une sorte de suicide intérieur. On a tout essayé pour éviter de se confronter au vide intérieur, à cet inconfort et à cette question fondamentale : qui suis-je et qu'est-ce que je fais ici. Je pense aussi que c'est lié à un refus d'incarnation et de se retrouver sur cette planète duale où la souffrance est quotidien.
Nous sommes nus, au coeur d'une pièce sombre et sans lumière. Peu à peu l'obscurité se fait moins dense, moins effrayante. Les manteaux s'adoucissent et on commence à percevoir un filament de lumière. On se met à jouer avec cette lumière, à la contempler pendant des heures et des heures. Puis, la force vitale reprend ses droits peu à peu. On a désormais envie de chaleur et de retrouver le contact du soleil, pas tout de suite, pas directement, mais on est appelé à se lever, à se redresser, à passer à nouveau le pas de sa porte. Cette période de latence est une période de changements profonds.
Learning to relate with the immense w/hole inside oneself
On redécouvre l'environnement dans lequel on a vécu. L'explosion des stimuli nous oblige à nous replier souvent à l'intérieur, mais on sait que l'on s'y frottera à nouveau. Chaque jour un peu plus. On a tout aussi peur de se confronter au vide qu'aux flammes. Alors, on oscille entre les deux. On tente de trouver l'équilibre. On apprend à dialoguer avec ses peurs. Une rencontre se profile. Celle avec nous-même, celle avec le vide en nous. Ce vide qui nous a poussé à endosser mille et une responsabilités.
Puis, un jour, on décide de s'asseoir avec lui. Cet inconfort commence à parler, à révéler les parts d'ombre, les peurs, les anxiétés, les modes de survie dans lesquels on est piégés. Il met en lumière nos addictions et nos comportements répétitifs. Les schémas et les karmas. Ce vide devient un allié et on commence à lui faire de la place; on trouve le courage d'écouter ce qui se trame à l'intérieur.
Start from scratch, from hole to whole
Le grand ménage peut commencer. Au milieu des cendres, on se met à balayer. On change de vie, d'emploi, de partenaire. Souvent, un gros travail de développement personnel s'enclenche. Il est temps de prendre ses responsabilités et vivre sa vie. On sait que l'on va retomber, que l'on marche avec des béquilles et que l'on est pas encore très sûr de nos pas. Mais on s'accroche. La vie reprend ses droits. Cette fois, on veut s'en sortir. On sait que l'on a été chanceux de survivre à cet inferno et qu'une deuxième chance nous a été donnée. Les nuages et le chaos de la dépression ne sont jamais bien loin. L'anxiété non plus.
On veut éviter cela. A n'importe quel prix.
On manque d'air.
On cherche à respirer plus profondément.
On cherche l'ancrage.
Getting rid of everything and anything
Rapidement, on commence à étouffer dans ces meubles, dans ces affaires qui ne nous correspondent plus. Intérieurement, on est épuisé de retomber dans les mêmes schémas. Un travail de tri s'opère. On fait le vide désormais en nous et autour de nous. On a dialogué avec lui et on l'apprécie. Il procure du calme et on devient presque accroc à ces moments avec nous-mêmes. On cherche à trouver les systèmes, les mécanismes, les modes de fonctionnement qui nous correspondent, qui sont à l'image de notre chant intérieur qui se fait de plus en plus fort. On le perçoit plus distinctement chaque jour qui passe. Dès que l'on sort du rythme de la symphonie, notre corps nous rappelle à l'ordre. On met en place un processus qui fonctionne incroyablement bien : faire le tri par le vide. Ça vole, ça balance, ça jette pour ne retenir que l'essentiel : notre essence et ce qui est à son image.
Pour le moment, une vérité ressort le besoin d'espace, de vide, de pouvoir regarder un paysage dégagé, savoir que l'on a de la place pour manoeuvrer. Ne s'encombrer de rien et de personne.
Les compteurs sont remis à zéro.
On se rappelle un pas après l'autre qui on est et on reconstruit en fonction de cela.
Courage mes poussières d'étoile,
Je marche avec vous!
A tout bientôt,
Clara J.